le fake out of home
Le Fake Out Of Home : Quand le street-marketing défie la réalité
Sur le terrain de jeu des réseaux sociaux, une nouvelle tendance s'est frayée un chemin : le FOOH, ou "Fake Out Of Home". Ces contenus amusent les initiés et parfois, prennent au dépourvu les consommateurs moins familiers avec la manipulation d’images. Depuis son émergence en 2023, cette forme audacieuse de marketing a littéralement envahi nos fils d'actualité.
Qui aurait pu échapper à l'avalanche de contenus FOOH qui a pris d'assaut les réseaux sociaux ? D'immenses sacs Jacquemus déposés dans les rues de Paris, des autobus extravagants aux couleurs des séries Netflix, ou encore une doudoune North Face monumentale drapée sur le Big Ben... Toutes ces opérations partagent un trait commun : elles ont été conçues en post-production. Leur but ? Repousser les frontières du street marketing en... ne faisant pas de street marketing. Une vidéo prise à la volée d’un endroit reconnaissable, un VFX Artist (ndlr : créatif spécialisé dans les effets spéciaux numériques) talentueux, et le FOOH s’offre à vous.
Pourquoi cette tendance suscite-t-elle un tel engouement ?
D'abord, elle fascine par son caractère ludique. La question de la véracité des images alimente les discussions enflammées dans les commentaires : ces contenus, tantôt divertissants, tantôt surprenants, ne laissent personne indifférent. Ensuite, elle offre une nouvelle approche pour capter l'attention des utilisateurs des réseaux sociaux, les incitant à suspendre leur scrolling continu. Inutile de recourir aux services des grands noms de l'industrie des effets spéciaux : il suffit de semer le doute, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, pour captiver les regards. À une époque où chaque milliseconde compte, où les “hooks” vidéo sont légion, cette capacité à retenir l'attention est un atout précieux qu’aucun acteur ne peut ignorer.
8 secondes,
c'est la durée d'attention des utilisateurs qui regardent une vidéo.
Mais comment cela fonctionne-t-il réellement ?
Si l'on devait simplifier, on dirait qu'il suffit de superposer un modèle 3D à une vidéo capturée sur le vif. Mais la réalité est un peu plus complexe. Pour que l'illusion opère, chaque détail compte : la colorimétrie, les ombres, les textures, les HDRI (High Dynamic Range Images) simulant la lumière naturelle, les effets de montage et bien d'autres éléments encore. Certains de ces procédés rappellent ceux utilisés dans l'industrie cinématographique. On se souviendra peut-être de la tendance du "found-footage", illustrée par des films comme le "Cloverfield" de Matt Reeves, sorti en 2008. La caméra y vacillait, le cadrage y était parfois approximatif, le but étant d'ajouter du réalisme et surtout, de dissimuler les effets spéciaux. Car un bon effet visuel est celui qui reste imperceptible.
Le cumul de ces différentes techniques, autrefois très coûteux, est désormais accessible à des machines et des studios plus modestes.
Démonstration :
KOZY hisse les voiles sur le célèbre Arc de Triomphe de Montpellier ;)
Et après ?
Des questions éthiques se posent inévitablement : lorsque certains consommateurs, moins familiers avec le monde numérique, risquent d'être trompés, la frontière entre marketing et fausses informations s'effrite. Comme pour la retouche d'image, il est probable que des règles soient instaurées pour encadrer cette pratique.
Quant à l’évolution de ces créations, on peut imaginer qu’elles feront le bond depuis nos smartphones vers les technologies wearables/portables comme des lunettes connectées, pour s’inviter dans l’espace public via la réalité augmentée.
Yoann Casals, Creative Content Manager.